Chamata et Sophie : Une histoire de vie, d'amour et d'épreuves.
Sophie raconte :
"Quand on parle de Chamata, on ne parle pas simplement d'un cheval. Pour moi, elle était bien plus. Chamata faisait partie de ma famille depuis plus de 15 ans. Elle n'était pas seulement mon premier cheval, elle était ma compagnie de vie. Son caractère était unique : une combattante, une vraie durée à cuire. Je me souviens encore d'une journée où elle avait 40,8°C de fièvre, mais cela ne l'a pas empêché de tenter de s'enfuir à la vue du vétérinaire.
Mon aventure avec elle a commencé en 2009, sur un coup de folie. Elle était un jument destiné à l'abattage après avoir pouliné presque toute sa vie. Personne ne s'y intéresse, et j'ai décidé de la sauver. C'était un acte impulsif, presque irréfléchi. Je me rappelle encore m'être dit, après l'avoir réservé : « Mais qu'est-ce que je viens de faire ?! Je viens d'acheter un cheval ! » Je n'étais pas du tout préparé à ça, mais je ne pouvais pas la laisser partir. Elle était pleine, mais au lieu d'être enceinte de quatre mois comme on me l'avait dit, elle l'était en fait de neuf mois. Quelques semaines plus tard, elle a donné naissance à un magnifique poulain, Kéké, qui allait devenir son dernier.
C'est au fil des années que nous avons vraiment appris à nous connaître. Chamata avait un passé lourd, marqué par la peur de l'homme et des mauvais traitements. Elle tremblait à la simple vue d'une couverture ou d'une cravache. J'ai dû gagner sa confiance, jour après jour. Progressivement, ses traumatismes ont commencé à s'effacer, et ma douce Chamata est devenue une véritable boule d'affection, toujours en quête de câlins. Elle a aussi joué un rôle particulier auprès des enfants et des débutants, leur enseignant les bases de l'équitation avec une douceur infinie.
Quand elle a atteint ses 26 ans, j'ai pris la décision de la mettre à la retraite, même si elle n'avait jamais été surmenée. Mais l'année suivante, tout a basculé. Un matin, elle semblait avoir du mal à respirer. J'ai immédiatement fait appel à la vétérinaire. Après une trachéotomie d'urgence, Chamata semblait aller mieux, et je croyais avoir gagné encore un peu de temps avec elle. Pourtant, les infections ont commencé à s'enchaîner, et malgré sa force légendaire, elle s'est battue à plusieurs reprises contre des infections antibiorésistantes.
À l'âge de 32 ans, Chamata a montré des signes de faiblesse. Elle avait des difficultés à se relever parfois, mais il lui suffisait de me voir arriver avec les sangles pour qu'elle retrouve miraculeusement de l'énergie et se lève, prête à repartir. Toujours pleine de vie, elle continuait à voler des friandises, et même une galette des rois à un moment donné ! C'était l'une des mascottes de l'écurie, toujours là pour réclamer des câlins et des gourmandises.
Malheureusement, tout a changé il y a un peu plus d'une semaine. Un jour, après avoir mangé des carottes, elle a commencé à avoir des spasmes, et des morceaux de carottes ressortis par sa trachéotomie. C'était un choc. J'ai tout de suite su que quelque chose n'allait pas. Malgré tous les soins, Chamata n'a pas pu se remettre. La fièvre augmentait, rien ne la faisait baisser, et sa santé se détériorait rapidement. J'étais face à une décision impossible : continuer à tout tenter avec seulement 1 ou 2 % de chances qu'elle s'en sorte, ou bien mettre fin à ses jours.
Ce jour-là, j'ai pris l'une des décisions les plus difficiles de ma vie. J'ai choisi de l'euthanasier, même si elle était encore debout, même si j'aurais tant voulu y croire. Son corps n'était plus en mesure de combattre. Ce n'était peut-être "qu'un cheval" pour beaucoup, mais pour moi, c'était Chamata. Et la douleur de sa perte est immense.
Aujourd'hui, en regardant les bijoux faits avec ses crins, je me souviens de tous ces moments précieux passés ensemble. Ces bijoux sont bien plus que de simples accessoires, ils représentent son histoire, notre histoire, et une manière pour moi de la garder près de moi. Chamata continue de vivre à travers ces créations uniques, dans lesquels il y a un peu d'elle.